LES PROBLEMES DES ORGUES MECANIQUES :
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La parenté novatrice entre St Maximin et mon orgue de Rians

Les orgues mécaniques dont  peut -à juste titre- s'ennorgueillir la France souffrent de par leur conception d'origine de nombreux problèmes mécaniques que les pouvoirs publics ignorent, et que les facteurs d'orgues se gardent bien d'expliquer.
En voici un court résumé :

Toutes les transmissions des orgues historiques ou non sont assurées le plus souvent par de longues tringles mobiles (les vergettes) qui commandent l'ouverture des soupapes dans les sommiers de l'orgue. Elles sont parfois aussi appelées "demoiselles" par les facteurs d'orgues.
Ces tringles sont de fines lattes en bois tendre de quelques millimètre d'épaisseur et de plusieurs mètres de longueur qui se dilatent ou se rétractent sous l'influence de 2 facteurs essentiels :
Leurs déplacements sont réglés de façon précise par de petits écrous en cuir que l'on peut visser ou dévisser (voir image ci-dessous) pour éviter :
Généralement, en hiver, les vergettes se dilatent et se rétractent en été, surtout en cas de faible humidité de l'air. L'écart est d'autant plus important que la vergette est longue.

LES SOLUTIONS CLASSIQUES :
Durant des siècles, les organistes (ou un facteur d'orgue proche) passaient du temps à régler consciencieusement les écrous de l'orgue. Ayant à coeur la bonne santé de leur orgue, ils consacraient du temps à ce petit entretien périodique. L'opération est fort simple, parfois peu accessible, mais réalisable par un organiste habile et soucieux du bon fonctionnement de son orgue. Pourvu qu'il accepte de passer du temps pour ce travail obscur et transparent tant pour les pouvoirs publics que pour l'affectataire de l'église.

De nos jours, l'opération est devenue plus difficile, les organistes n'ayant nullement envie de passer du temps à régler l'orgue, surtout s'ils habitent loin, et font par ailleurs des concerts. Les municipalités ou la "fabrique" de l'église hôte doit donc se résoudre à faire appel à un facteur d'orgues à chaque changement de température et d'hygrométrie.
Ce travail est pour certains facteurs attractif dans la mesure où cela leur procure un revenu régulier d'ententien de l'orgue. Certains facteurs ne survivent d'ailleurs que grâce à cet entretien et à l'accord de l'orgue.

Par contre, lorsque le facteur habite loin de l'orgue, cela devient une très désagréable contrainte, surtout si c'est lui qui vient de ravaler l'orgue et est tenu par un contrat d'entretien à assurer son bon fonctionnement. Les donneurs d'ordre (pouvoirs publics ou église affectataire) s'aperçoivent alors que de nombreuses interventions du facteur s'avèrent nécessaires, interventions autrefois souvent assurées par un organiste dévoué et amoureux de son orgue. Ceci de façon totalement transparente pour les pouvoirs publics et l'église.

C'est aussi une très désagréeable contrainte budgétaire pour la municipalité ou l'église en charge de l'orgue. Pour le facteur d'orgue lui-même cela peut devenir aussi, même après rémunération, une très fâcheuse contrainte au détriment de son travail de facteur.
Il en effet difficilement compréhensible pour le profane qu'après une restauration, l'orgue continue toujours à présenter les dysfonctionnements cités plus haut... Même si c'est un instrument historique de grande qualité...

LES REMEDES POSSIBLES :
Certains facteurs consciencieux et novateurs ont depuis longtemps compris ce phénomène, et utilisent des vergettes en fibre de carbone, qui demeurent par structure totalement insensibles à la température et à l'hygrométrie. (Comme par exemple à la Cathédrale d'Auxerre par le facteur Dominique Oberthur).

D'autres (surtout aux USA mais aussi en Europe) ont inventé des systèmes de compensations mécaniques automatiques qui contrebalancent les dilatations et rétractations des vergettes. Notons touefois que les églises chauffées rencontrent moins ce phénomène. A condition que les étés ne soient pas trop chauds ! Ce qui risque de plus en plus d'advenir en Europe.

Une solution encore plus radicale consiste à relayer la mécanique d'origine par un tirage électrique des soupapes, tout en conservant les transmissions mécaniques d'origine. Ceci permettant ainsi de pouvoir commander l'orgue à distance, par exemple depuis la nef ou le choeur de l'église. Bien entendu, les orgues à transmission électronique peuvent directement être équipés d'une console de nef mobile comme à Rians.
http://pascal.leray.free.fr/projet/console_4_claviers/console_mobile_fr.html


L'ACCORD
Contrairement au réglage des vergettes, l'accord des tuyaux est incontournable. Assuré par un facteur d'orgue, (ou un organiste avisé) il consiste à accorder les anches (qui en principe ne se dérèglent pas) sur les jeux de fonds, qui eux varient en fonction de la température amnbiante. (Celle-ci varie comme la racine carrée de la température absolue en degrés Kelvin). Dans nos régions, le La 440 des jeux de fonds peut atteindre en été jusqu'à 448 Hertz et 334 Hertz en hiver.
Si les tuyaux sont de très bonne facture, les fonds peuvent rester sans accord ni entretien durant une dizaine d'années. Il convient également que les bases de l'orgue soient bien fixes.


Pascal Leray

Août 2019
Exemple de traction mécanique :
Exemple de transmission mécanique
Et parfois ces vergettes font une dizaine de mètres pour transmettre le mouvement jusqu'aux sommiers de l'orgue !
(Photo extraite du site Wikipedia)