POESIE DE L'EMPEREUR JULIEN :

L'empereur Julien, dit "l'apostat" mérite quelques explications : Cet empereur fut élevé selon les préceptes chrétiens. A son époque, la religion chrétienne était déjà bien implantée en Europe, et les rares citoyens romains de l'empire qui s'obstinaient à adorer les dieux polythéistes de l'ancienne religion : L'état devenu chrétien les poursuivait voire les exterminait au nom de la seule "vraie" religion. A cette époque troublée, le lien philosophique entre les préeptes antiques (Socrate, Platon, etc...) et la jeune religion chrétienne n'était pas encore établie par les Père de l'Eglise ( Augustin puis beaucoup plus tard, Thomas d'Aquin).

Julien qui était un homme de haute culture ne trouvait pas dans le seul enseignement des évangiles la richesse philosophique et métaphysique des anciens Grecs. Il trouvait aussi très injuste l'ostracisme violent à l'égard des adeptes de l'ancienne religion, qui étaient pourchassés impitoyablement par la haute hiérarchie cléricale de la jeune église chrétienne. Il décida donc de défendre ces derniers. Mais ses courageux efforts furent vains, et les querelles entre polythéistes et chrétiens se poursuivirent. Les temples des anciens dieux étaient pillés, brûlés, ainsi parfois que les païens eux-mêmes. Jusqu'à la destruction totale des monuments, au point de ne plus pouvoir reconstituer seulement leurs plan architectural. (Cela ne vous rappelle rien ?).
Voici un extrait (1)
Julien fut donc considéré comme "apostat" par l'Eglise, car ayant toléré et protégé l'ancienne religion. Il mourut au cours d'une guerre en orient, aux confins de l'empire : tiens, déjà, il y avait des problèmes avec le moyen-orient...
Il découvrit aussi l'orgue, et fut sensible à la beauté de ses sons. Il composa ce délicat poème pour rendre hommage à l'instrument. Il est fort probable qu'il savait en jouer. Mais comme je l'ai signalé, l'inexorable expansion de la chrétienté aboutit à la destruction de tous les symboles de l'ancienne civilisation Romaine : temples, théatres, stades. Dans lesquels les orgues étaient présents. Tout devait disparaitre comme le voulaient St Pierre et surtout St Paul. Et les grands prêtres chrétiens n'hésitaient pas à confier à la "justice" de l'empereur ( très chrétien maintenant) les hérétiques, afin de leur faire abjurer leurs erreurs. Il ne faut pas croire que c'est l'usure du temps qui fit disparaître tous ces chefs-d'oeuvres, mais la rage de détruire des pères de l'église.

Pour en savoir plus : je vous recommande de lire l'ouvrage très documenté de Ramsay MacMullen : Christianisme et paganisme du IVème au VIIIème siècle.
www.edition-perrin.fr
et :
La vie de l'empereur Julien "dit l'apostat" de Lucien Jerphagnon Editions Taillandier. Sa vie extraordinaire, son courage et sa grande culture méritent de s'y intéresser. Elle donne un éclairage saisissant sur ce qui se passe en ce moment en occident.

(1) THEODORET "Thérapeutique des maladies helléniques, VIII, 68 :  "Leurs templs [des dieux païens] ont été si complètement détruits qu'on ne peut même plus se faire une idé de leur plan, et que les homme d'aujourd'hui ne savent plus la forme de leurs autels." (Traduit par P. Canivet, SC.)
Voir aussi Augustin Enarr in ps/, CXLIX,13, mortuus est paganus, dans Thébert [1988], p 283.
Poésie de l'empereur Julien331 - 26 juin 363

Sur un orgue (03).

Il s'offre à mes regards de singuliers pipeaux :
C'est dans un sol d'airain qu'ils ont pris la naissance.
L'homme de les gonfler n'aurait pas la puissance :
Il faut un air lancé par des cuirs de taureaux,
Et qui pénètre au fond des plus légers tuyaux.
Cependant un artiste, aux mouvements agiles,
Laisse glisser ses doigts, prompts comme des éclairs;
Et la touche, adaptée aux chalumeaux dociles,
Exhale, en bondissant, d'harmonieux concerts.