
La vaccination est une belle idée qui a rendu de grands services à l’humanité. Presque tout le monde je crois en est convaincu (et est à jour dans ses vaccins). Se vacciner est un moyen efficace de se protéger contre des maladies qui autrefois ont été très graves (la rougeole, la tuberculose, la polio…). C’est aussi (on l’entend beaucoup en ce moment) un moyen de protéger les autres en freinant la circulation du virus ou de la bactérie concerné(e). Dans certaines situations, l’intérêt à se vacciner pour se protéger soi-même disparaît ou même devient négatif (les risques liés au vaccin étant plus élevés que ses bénéfices). C’est très certainement le cas du Covid pour les personnes jeunes et en bonne santé. Se faire vacciner est alors un acte altruiste destiné à protéger les autres, notamment les plus fragiles.
On comprend que cette idée (relayée par la propagande gouvernementale) ait pu avoir un certain succès auprès d’une population ancrée dans des valeurs chrétiennes ou « de gauche ».
Pourtant, ce qui frappe dans le raisonnement vantant les bienfaits de la vaccination de tous, c’est qu’il ne dit rien des spécificités du Covid. On applique à ce virus et aux vaccins qui ont été créés pour le combattre exactement le même raisonnement que l’on applique à la tuberculose ou à la rougeole. Comme s’il n’y avait aucune différence significative… Est-ce vraiment le cas ?
Les philosophes des Lumières avaient pour habitude de dire que la principale source d’erreur dans le raisonnement humain, c’est d’appliquer sans précaution à une situation B une proposition dont la vérité n’a été établie que dans une situation A, parfois bien différente. Les partisans de la vaccination de tous seraient-ils victimes d’une telle erreur de raisonnement ?
Pour le savoir, une seule solution : le jeu des différences.
Le jeu des différences
Commençons par lister les principales différences entre les vaccins contre le Covid et les autres vaccins auxquels nous sommes habitués. Nous verrons ensuite les conclusions qu’il faut en tirer concernant la vaccination généralisée.
1. Les vaccins contre le Covid ont été conçus en quelques mois (au lieu de 10 à 12 ans pour les autres vaccins).
2. Conséquence du point précédent, les vaccins contre le Covid n’ont pas été pleinement testés. Les vaccins sont habituellement testés pendant plusieurs années avant de bénéficier d’une autorisation de mise en marché. Cette phase de test inclut (c’est la « phase 3 ») le suivi pendant plusieurs années d’un groupe de plusieurs milliers de personnes vaccinées comparé à un groupe témoin de personnes ayant reçu un placébo. Aucun des vaccins contre le Covid n’a terminé actuellement cette phase 3 (ce ne sera le cas qu’en octobre 2022 pour le premier vaccin). Ces vaccins n’ont bénéficié d’une autorisation conditionnelle de mise en marché que du fait de la pandémie en cours et du fait de l’absence de traitement efficace contre le Covid. Leurs effets indésirables à moyen et long termes sont donc mal connus.
3. Certains des vaccins contre le Covid se basent sur des technologies inédites (ARN messager) qui présentent certes des avantages mais renforcent l’incertitude sur les effets à moyen et long termes de ces vaccins. Rappelons que Robert Malone -un des chercheurs qui a contribué à développer les vaccins à ARN messager- a exprimé ses inquiétudes concernant les effets potentiels à long terme des vaccins Covid. S’il considère que le ratio bénéfice-risque est probablement positif pour les personnes très à risque (« high risk populations »), il est en revanche très réservé sur la vaccination du reste de la population et se déclare opposé à toute forme de vaccination contrainte [1].
4. L’Agence Européenne du Médicament (l’agence de l’Union Européenne qui a octroyé une autorisation conditionnelle aux vaccins contre le Covid en 2021) s’est trompée de manière magistrale en 2020 en octroyant une autorisation à un médicament contre le Covid : le Remdesivir. Peu après, l’OMS a vivement déconseillé l’utilisation de ce médicament compte tenu de son inefficacité pour traiter le Covid et des effets secondaires importants qu’il peut générer (problèmes rénaux aigus notamment). Jusqu’ici, aucune enquête publique n’a été menée pour identifier les dysfonctionnements ayant conduit l’AEM à prendre une mauvaise décision concernant le Remdesivir. On ne peut donc pas exclure que les mêmes dysfonctionnements se soient produits lorsque l’AEM a pris des décisions (d’autorisation conditionnelle) concernant les vaccins contre le Covid [2].
5. Pour l’essentiel, du fait de l’inexistence d’études indépendantes, l’AEM a basé ses décisions d’autorisation conditionnelle des vaccins contre le Covid sur les seules données fournies par les laboratoires qui produisent ces vaccins. Or certains de ces laboratoires (comme Pfizer) ont été condamnés dans le passé pour leurs mauvaises pratiques.
6. Les données de pharmacovigilance fournies par l’ANSM montrent que les vaccins Covid se sont révélés avoir beaucoup d’effets indésirables à court terme (environ 100 fois plus d’effets indésirables rapportés que pour le vaccin contre la grippe). Ces effets indésirables sont parfois graves (thromboses, problèmes cardiaques…). Les données en provenance d’Israël ou des Etats-Unis sont tout à fait convergentes.
7. Même en se limitant aux risques connus, c’est à dire aux risques à court terme révélés par la pharmacovigilance (rappelons que l’on sait très peu de chose sur les risques à moyen et long termes des vaccins Covid, voir mes points 2 et 3), il semble que le ratio bénéfice-risque est négatif pour les adolescents et les jeunes adultes en bonne santé. Ceci a conduit le Comité consultatif national d’éthique à rendre un avis très réservé sur la vaccination des adolescents (le 9 juin 2021). Pour les mêmes raisons, en Angleterre, le Joint Committee on Vaccination and Immunisation (dans son avis du 19 juillet 2021) ne conseille pas la vaccination systématique des enfants en bonne santé. C’est aussi pour cela qu’en France un collectif de chercheurs et de professionnels de santé a décidé de « sonner l’alerte » face à l’extension du pass sanitaire aux enfants [3].
8. L’effet des vaccins sur la contagiosité des personnes vaccinées est limité. Le 28 mars 2021, Olivier Véran faisait déjà état au Conseil d’Etat du fait « qu’en l’état des connaissances scientifiques, le vaccin n’empêche pas les personnes vaccinées de transmettre le virus aux tiers ». La progression très rapide de l’épidémie dans les pays les plus vaccinés du monde semble confirmer cette appréciation [4]. Par ailleurs, concernant le variant delta (le plus répandu en France), des données d’Angleterre permettent de préciser les choses. Les analyses menées par Public Health England montrent en effet que les vaccins Pfizer et Astra Zeneca réduisent la probabilité de transmission au sein des ménages de seulement 40 à 50% [5].
9. Le Covid mute beaucoup et les vaccins sont beaucoup moins protecteurs contre les variants que contre la forme initiale du virus. Or, il a été établi que la vaccination favorise les variants (en exerçant une pression de sélection défavorable à la version initiale du virus contre laquelle les vaccins protègent mieux). Il est donc possible que la vaccination de masse contribue à mettre en danger les personnes fragiles en les exposant à des variants contre lesquels ils sont moins bien protégés par les vaccins.
10. L’immunité procurée par les vaccins est moins forte et moins complète que celle procurée par le fait d’avoir été contaminé. En particulier, elle protège moins bien contre les variants. Vacciner des personnes pour lesquelles le virus ne présente pratiquement aucun risque (comme les adolescents en bonne santé), c’est donc non seulement leur faire prendre un risque compte tenu des effets indésirables des vaccins, mais aussi les empêcher d’atteindre un niveau d’immunité plus fort qui pourrait mieux les protéger contre l’éventuelle émergence d’un variant plus agressif. Et permettre par là-même de mieux protéger le reste de la société.
11. Les stratégies alternatives à la vaccination n’ont jamais été sérieusement envisagées par les autorités françaises. C’est en particulier le cas pour l’Ivermectine, en dépit de publications scientifiques qui s’accumulent montrant le très fort impact de ce médicament et en dépit de l’expérience de différents pays qui l’ont utilisé avec un grand succès (plusieurs états de l’Inde, le Mexique…). Précisons que la reconnaissance par l’AEM de l’existence d’un médicament efficace pour traiter le Covid entraînerait de facto la fin de l’autorisation conditionnelle dont bénéficient les vaccins, compte tenu du caractère pour l’instant expérimental de ceux-ci (phase 3 de la procédure de test non terminée). Rappelons que cette autorisation conditionnelle ne leur a été accordée que du fait de la pandémie actuelle et de l’inexistence d’un traitement efficace.
Implications
Déplacer le raisonnement de la situation d’un virus qui ne mute pas et pour lequel existe un vaccin très efficace et peu risqué (en gros, la situation de la rougeole) à la situation plus complexe du Covid conduit à changer pas mal notre perception de la réalité et de la pertinence qu’il y aurait à vacciner tout le monde.
Pour rester bref, je vais me concentrer sur la question de la vaccination des personnes jeunes et en bonne santé (notamment les adolescents). Cette question est en effet au cœur de la stratégie de vaccination pour tous promue par le gouvernement : pass sanitaire obligatoire pour les plus de 12 ans, lancement d’une campagne de vaccination dès la rentrée dans les collèges et les lycées. Sans parler de l’amendement selon lequel « seul le consentement de l’un ou l’autre des titulaires de l’autorité parentale est requis pour […] l’injection du vaccin contre le SARS-CoV-2 » (amendement proposé par M. Sacha Houlié, examiné par la Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la République de l’Assemblée nationale et adopté en première lecture le mercredi 21 juillet 2021) [6].
La vaccination des personnes jeunes et en bonne santé les met (inutilement) en danger. Triplement. En premier lieu, les risques de court terme liés lié au vaccin lui-même. Rappelons que les effets du Covid sur les adolescents en bonne santé sont très faibles mais que la vaccination représente un vrai danger pour eux (thromboses, myocardites…). Même si ce risque est faible en pourcentage, il est vraisemblable que si on vaccine l’ensemble des adolescents français, il concernera un nombre significatif d’entre eux. En deuxième lieu, il faut prendre en compte les risques à moyen et long termes du vaccin qui sont à ce jour totalement inconnus et que rien ne nous autorise à considérer comme négligeables (surtout qu’un certain nombre de ces vaccins utilisent des technologies inédites qui ont déjà donné des effets inattendus). En troisième lieu, en empêchant (par la vaccination) les adolescents d’atteindre un niveau plus élevé d’immunité en contractant une des versions actuelles du virus (qui sont sans danger pour eux), on les expose au risque d’un futur variant potentiellement plus agressif.
La vaccination des personnes jeunes et en bonne santé ne contribue pas forcément à protéger le reste de la société. On l’a vu, si la vaccination permet de réduire la contagiosité, elle ne permet en aucun cas de l’éliminer. Les données d’Angleterre suggèrent que le risque de transmettre le virus est divisé par deux pour une personne vaccinée. Ceci implique que la vaccination de tous pourrait contribuer à freiner la circulation du virus, mais ne suffira pas à provoquer sa disparition (contrairement à toutes les déclarations officielles sur la « fin de l’épidémie » et le « retour à la vie normale »). En outre, il faut prendre en compte les autres effets de la vaccination de masse, notamment celui de favoriser les variants. Comme les vaccins sont moins efficaces contre ces variants, de nouveaux vaccins doivent être produits qui stimulent à leur tour l’émergence de nouveaux variants (dans une course sans fin). Il semble également que l’immunité procurée par le fait d’avoir été contaminé par le virus est plus forte et plus complète que celle procurée par les vaccins (notamment vis-à-vis des variants). Ce qui signifie que si, à court terme, la vaccination de masse améliore l’immunité (et réduit la contagiosité), à moyen terme, elle empêche d’atteindre un niveau plus élevé d’immunité (et donc un niveau plus faible de contagiosité). On voit qu’il n’y a aucune raison a priori de supposer que la vaccination de masse a forcément des effets bénéfiques sur la dynamique de l’épidémie. Et le cas des pays les plus vaccinés du monde comme l’Angleterre ou Israël est là pour nous le rappeler : l’épidémie y progresse très rapidement.
En guise de conclusion…
On voit que l’on est assez loin de l’image idyllique de départ dans laquelle des adolescents sont prêts à prendre des risques connus et limités pour protéger le reste de la société, notamment les plus fragiles. On voit qu’il s’agit en fait de risques qui, pour la plus grande part ne sont pas connus, et qui, pour la petite partie qu’on en connaît (celle concernant les risques à court terme), sont déjà non négligeables. Imposer la vaccination aux adolescents (ou même simplement la leur proposer sans les informer des risques) pose de graves problèmes éthiques. Il faudrait donc y réfléchir à deux fois avant de promouvoir ou d’imposer la vaccination des adolescents, même si celle-ci contribuait à protéger le reste de la population. Ce qui, en outre, est loin -très loin- d’être évident. A terme, en effet, les adolescents non vaccinés attraperaient le virus et seraient mieux immunisés et moins contagieux. En outre, la vaccination de masse favorise les variants contre lesquels nos aînés vaccinés sont mal protégés par les vaccins actuels…
Comme vous, je suis sensible à cette idée de prendre des risques pour protéger les autres. Une éducation chrétienne, le cœur qui bat à gauche, je pouvais difficilement y échapper... Mais être de gauche n’empêche pas d’être lucide et si vous avez bien lu cet article, vous savez à présent comme moi que ce n’est pas du tout de cela qu’il s’agit avec cette idée de vaccination de tous.
Surtout que l’envers du décor (l’envers de cette idée généreuse de sacrifice), c’est, bien évidemment, la culpabilisation de celles et ceux qui ne jouent pas le jeu en refusant de se faire vacciner, leur comportement étant alors perçu comme « égoïste » et « non-citoyen ». Egoïstes et non citoyens ces jeunes (ou leurs parents) qui ne souhaitent pas prendre des risques dont l’ampleur n’est pour l’instant pas connue ? Pour des effets pour le moins incertains sur la propagation de l’épidémie ?
Comme vous, j’ai constaté -effaré- qu’une partie importante de la population semble accepter la politique du gouvernement visant à réduire les droits des personnes non vaccinées. Même à gauche où très peu de voix se sont élevées contre une politique qui, pourtant, remet en en cause le principe d’égalité des droits entre les personnes établi par la Révolution Française et la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789...
[1] Robert W Malone, MD (@RWMaloneMD) / Twitter
[2] Covid 19, la défaite de la pensée scientifique | Le Club de Mediapart
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